Soirée « Réseau Observateurs » organisée par la Réserve Naturelle

Le 11 octobre dernier, Daphné SCHLOESSER, Chargée de mission scientifique au sein de la Réserve Naturelle Nationale de la Haute Chaine du Jura (RN), a organisé une soirée de présentation des différents suivis effectués par la Réserve. Elle a convié à cette réunion différents partenaires et bénévoles dont les ARN. Ces derniers ont répondu présents en force, avec la venue de Manuela Arrot, présidente, Marjorie Lathuillière, secrétaire, et Patrick Joudrier, trésorier. Nos 2 vice-présidents, Michel Goudard et moi-même, ainsi que Michel Savoyat, référent et membre du CA, ont également fait le déplacement.

Le but de cette soirée était de nous présenter les différents suivis scientifiques effectués au sein de la Réserve, ainsi que de la façon dont nous pourrions y contribuer. Voici ci-dessous un résumé de la présentation très intéressante de Daphné, que je remercie au nom des ARN !

Les suivis faune

La RN effectue des recensements et une surveillance de plusieurs espèces emblématiques.

Les oiseaux

Concernant les oiseaux, on peut noter le suivi de 9 sites de nidification potentiels du Faucon pèlerin. Ce faucon, connu pour être l’oiseau le plus rapide du monde avec des vols piqués à plus de 300 km/h, habite en effet les falaises du Haut Jura.

Faucon pélerin. Crédit: Kytabu, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons

Autre oiseau remarquable, l’Aigle Royal, est suivi sur les 2 sites où 2 couples se reproduisent habituellement. Il fait notamment l’objet d’une journée de comptage à laquelle les référents des ARN sont conviés (voir ce précédent article pour plus d’informations).

Bien entendu, on ne peut parler de l’avifaune sans évoquer le Grand Tétras, cet oiseau dont l’avenir n’est pas rose dans le Jura. Daphné nous rappelle que son suivi très délicat ne peut être ouvert à des bénévoles. Elle nous rappelle aussi qu’un autre oiseau de la famille des tétraonidés, la fameuse et discrète Gélinotte des bois, habite également la RN mais ne fait pas pour l’instant l’objet d’un protocole de suivi spécifique.

Deux petites chouettes typiques de nos forêts de montagne, la Chevêchette d’Europe et la Chouette de Tengmalm, sont aussi régulièrement recensées (voir ce précédent article). Ces oiseaux, dont le moindre contact visuel ou auditif fait frissonner n’importe quel ornithologue, vivent discrètement au cœur de nos forêts et sont très difficiles à observer.

Enfin, toutes les données concernant autres espèces d’oiseaux, communs ou non, sont également récoltées au gré des diverses missions réalisées sur la RN.

Les mammifères

Du côté des mammifères, Nos 2 grands prédateurs emblématiques, le lynx et le loup, sont aussi suivis par piégeage photographique essentiellement. Pour plus d’informations sur le suivi du Lynx, vous pouvez consulter le précédent article de Patrick à ce sujet.

Lynx photographié par un piège lors d’une session de recensement.

Le suivi loup, lui, est effectué plus aléatoirement par divers pièges photographiques appartenant à la RN et à 4 bénévoles qui collaborent avec cette dernière. Le principe est d’avoir des pièges bien répartis sur l’ensemble de la RN, avec une densité limitée par secteur. En effet, les diverses observations laissent penser que les loups peuvent être dérangés par les caméras dont ils détectent la présence. Un arrêté préfectoral vient d’ailleurs d’être pris pour cadrer la pratique du piégeage photographique au sein de la réserve . Vous pouvez le télécharger ici:

Toujours du côté des mammifères, un inventaire des chiroptères à l’échelle de la Haute Chaine a débuté cette année, par la pose d’enregistreurs sur le secteur nord, sur la base du protocole national « AltiChiro ».

Reptiles et amphibiens

Cette année, un test à petite échelle du protocole national POPReptile a eu lieu pour réaliser un inventaire des reptiles de la RN. L’an prochain, le protocole sera probablement reconduit. Les données sur les amphibiens, elles, sont récoltées aléatoirement au gré des diverses missions effectuées sur le terrain par les membres de la RN.

Les insectes

Les insectes sont peu recensés. Certaines espèces font néanmoins l’objet d’une attention particulière, de par leur rareté et/ou leur facilité à être observées. C’est le cas de l’Apollon et de la Rosalie des Alpes. Un inventaire des bourdons a également été effectué cette année par un membre du Conseil Scientifique de la RN.

Apollon. Crédit: Michael Schroeren, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons

La Flore

Même si certaines espèces comme le loup, le lynx ou le grand tétras semblent être les espèces phares de la RN, il ne faut pas oublier que cette dernière a d’abord été créée pour la sauvegarde de sa flore remarquable ! Certaines plantes font ainsi l’objet d’un suivi. Il s’agit de la Joubarbe de Fauconnet, suivie par la RN, de l’Orobanche de Bartliing et du Chardon Bleu, ces 2 dernières étant suivies par le Conservatoire Botanique National Alpin.

Le Conseil Scientifique a défini une liste de 15 espèces de plantes pour lesquelles un inventaire et suivi seraient intéressants à effectuer. Un groupe Flore a également vu le jour, composé de membres du Conseil Scientifique et de bénévoles. Ce groupe a pour mission d’aider au suivi de plusieurs espèces végétales d’intérêt, au-delà de la liste évoquée précédemment.

Orobanche de Bartliing : Crédit photo: Réserve Naturelle de la Haute-Chaîne du Jura

Habitats et autres

Pour terminer, Daphné a présenté d’autres suivis. Tout d’abord, un suivi dendrométrique qui vise à mesurer l’évolution de la forêt par différents relevés effectués au cours des années sur 278 placettes d’étude. Deux habitats particulièrement froids et menacés par le réchauffement climatique, les éboulis froids et les combes à neige, font l’objet d’une surveillance particulière. Ensuite, un observatoire a été lancé, dont le principe est de réaliser des études qui serviront à mieux gérer la RN (bonne adéquation entre les activités humaines et les enjeux écologiques). Les études en cours concernent essentiellement les relations ongulés-habitats.

La RN participe également au programme Phénoclim, proposé par le CREA (Centre de Recherches sur les Ecosystèmes d’Altitude), et effectue également un inventaire des vertiges des activités humaines sur la Haute Chaine afin de protéger ce patrimoine historique.

Qui peut participer à ces suivis ?

Le personnel de la RN étant limité, de l’aide extérieure est la bienvenue pour participer à ces différents suivis. L’organisation de cette soirée a d’ailleurs mis en lumière la volonté croissante de la RN à approfondir les connaissances sur la Haute Chaine, au vu des différentes études lancées récemment. Nous avons pu également nous rendre compte de tout ce qu’il resterait à faire sur ce territoire particulièrement riche !

La RN ne cherche pas à inciter trop de monde à participer à ces suivis écologiques, mais préfère se référer à des personnes de confiance. Il est vrai que le territoire de la réserve est une zone fragile sur laquelle il ne faut pas divaguer sans limite. Il est aussi vrai que beaucoup d’études concernent des espèces sensibles, et que certaines informations ne doivent pas être divulguées sans contrôle. A ce propos, nous avons tous été conviés, lors de la soirée, à signer une charte nous engageant à respecter la règlementation de la réserve et à avoir un comportement responsable.

Néanmoins, il existe des outils permettant à chacun d’entre nous de collecter des données sur le territoire de la réserve. Le plus important est l’application « Naturalist ». Proposée par la LPO (Ligue pour la Protection des oiseaux), cette application permet d’entrer des données directement sur le terrain concernant non seulement les oiseaux mais également les autres groupes d’espèces faunistiques. La RN a récemment signé un partenariat avec la LPO pour un échange de données. De son côté, la RN utilise l’application GéoNature Occtax, qui fonctionne sur le même principe que Naturalist. Les données saisies sont automatiquement transmises à la RN.

La restitution des données : Atlas Biodiv’Haute Chaine du Jura

L’ensemble des données récoltées sur la faune et la flore peuvent être consultées en ligne sur le site de l’Atlas Biodiv’Haute Chaine du Jura. Ce formidable outil riche en informations a été développé par le Parc National des Ecrins. Il offre une restitution des données récoltées pour chaque espèce sous forme d’un maillage, et comprend de nombreuses observations historiques.

La soirée s’est terminée par un buffet canadien sur lequel je ne m’attarderai pas, au risque de faire des envieux. L’inventaire de tout ce que nous avions à boire et à manger nécessiterait la mise en place d’un protocole scientifique trop complexe !

Si vous avez des connaissances particulières (en écologie bien entendu, même si en cuisine c’est intéressant aussi…) et que vous souhaitez participer à des suivis avec la RN, je vous invite, dans un premier temps, à entrer en contact avec les ARN. Depuis toujours, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues !

Jean-Christophe Delattre