Tous les articles par Gaelle Lauby

La vie de renardeau

C’est en général au mois de mars que les renardes donnent naissance à leurs petits après une cinquantaine de jours de gestation.

Les renardeaux naissent aveugles et commencent à ouvrir les yeux dès la deuxième semaine.

Les parents s’affairent à nourrir leur progéniture, sortant l’un après l’autre par précaution.

Contrairement aux chats sauvages, les renards sont solidaires et s’entraident. Si des parents venaient à disparaître, d’autres renards du clan viendraient nourrir les petits orphelins.

Lorsqu’ arrivent les beaux jours, les familles déménagent dans des terriers secondaires plus près des champs et donc de leurs proies favorites. Elles peuvent s’installer au milieu d’un champ de blé ou autre, à proximité d’un lieu de chasse, pour ainsi apprendre aux petits le fameux « mulotage ».

Il m’est arrivé d’ailleurs de longer un champ de blé ou d’orge et d’entendre le ronflement des petits renardeaux, identique au ronflement de petits chiens.

Courant septembre, les parents poussent leur progéniture à quitter le cocon familial et à se créer un nouveau territoire.

Petite anecdote :

Lors d’un affût auprès d’un terrier, j’ai vécu un moment inoubliable.

Je savais que le terrier était habité grâce à l’installation antérieure d’un piège photo. Un matin, je décide de m’installer à une quinzaine de mètres, bien camouflé. 

Il est 7h30, à la fin du mois de mai, et j’attends impatiemment la sortie de la petite famille depuis une bonne demi-heure.

Tout à coup, venants de la droite, des bruits de broussailles. La renarde arrive avec un  morceau de carcasse de chevreuil dans la gueule.

Mon cœur s’emballe. La renarde gratte devant mois derrière un arbre et enterre sa trouvaille. Je suis allongé au sol et ai franchement peur d’être détecté. Heureusement le sens du vent est favorable et je déclenche mon boîtier lorsque l’animal est en action pour ne pas être repéré.

Une fois débarrassée de son butin, la renarde monte de quelques mètres jusqu’au terrier. À ce moment, le premier renardeau sort, puis les 2 autres. Après quelques papouilles, les 3 renardeaux s’installent sur un tronc couché et s’endorment sous un rayon de soleil qui vient traverser le feuillage.

Je dois attendre une bonne heure et profiter de leur retour dans la gueule du terrier pour m’en aller, avec la satisfaction de ne pas avoir dérangé cette magnifique scène de vie sauvage.

Gilbert Fortune

Prises de bec chez les oiseaux-2

Continuons de passer en revue les différentes sortes de becs d’oiseaux.

Ceux-ci ont des fonctions très diverses. En effet ils peuvent servir à manger, à nourrir leur progéniture, à se lisser les plumes, à faire la cour, à construite leur nid, à transporter des matériaux, à se battre.

Maintenant, place aux seigneurs des airs : les rapaces.

Ils ont un bec crochu et dur pour couper et déchiqueter leurs victimes avec plusieurs formes selon l’habitat et le type de proies recherchées.

Milan noir
Faucon crécerelle
Buse variable

De nombreux oiseaux possèdent des becs de forme très adaptée à leur environnement.

Le tichodrome échelette a le bec long, aigu, fin avec une longue langue pour attraper les insectes et araignées dans les fentes et anfractuosités des rochers et vieux murs.

Le martin pêcheur en possède un long (1/3 de sa taille), fort et pointu pour fendre l’eau sans bruit à la chasse aux petits poissons.

La huppe fasciée a un bec fin, assez long qui lui sert de pioche et de pincettes pour extraire sa nourriture du sol, des fentes rocheuses, ainsi que dans les bouses de vache et le crottin de cheval.

Enfin, le flamant rose est propriétaire d’un bec qui racle la vase à la recherche de petits organismes. Il filtre l’eau et sa langue agit comme un piston aspirant et rejetant l’eau. Il est pourvu de fines lamelles sur le bord.

Il y a encore une grande variété de formes de becs. Pratiquement chaque espèce d’oiseau à sa spécificité selon sa nourriture, son habitat et son environnement.

Peut-être la suite à un prochain épisode selon mes futures observations et photos.

Texte et photos : Jean-Loup Gaillard

Le colza et ses hôtes

Les champs de colza face au Mont-Blanc

Le mois de mars annonce le redémarrage de la végétation et des cultures. La belle couleur dorée du colza commence alors à envahir le paysage. Tout autour de nous, ces carrés jaunes amènent de la gaieté et annoncent le printemps.

La faune sauvage attends aussi avec impatience cette végétation luxuriante qui lui sert de « cachette ». Pour les chevreuils et autres mammifères, c’est un moyen de sortir un peu des forêts sans être vus. Ils n’hésitent pas à y rester plus tard dans la matinée et même à y dormir la nuit.

Le brocard dans le colza aux couleurs passées.

Bien souvent, ils empruntent les sillons marqués par les roues des tracteurs, dans lesquels on peut alors les démasquer. Il y a parfois aussi des zones de végétations moins denses, moins hautes, où les brocards se font repérer par leurs bois qui dépassent.

Démasqué!
La chevrette préfère les boutons d’or
Ses bois ont trahi sa présence
Le brocard traverse une partie du champ moins dense
Le lièvre démasqué 

Même le renard s’y cache et y sort furtivement sur la prairie sans s’éloigner trop de son échappatoire.

Le renard prudent, s’éloigne peu de sa cachette

Le colza est également un terrain de chasse pour de nombreux oiseaux. Ils s’installent sur les tiges les plus hautes pour y traquer les insectes volant au-dessus des fleurs. Le Tarier pâtre, petit passereau typique de nos campagnes, fait parti de ces oiseaux :

Le mâle:

La femelle, moins colorée:

Texte et photos: Gilbert Fortune

Fleur du moment : l’orchis singe

Le printemps est de retour, et avec lui, les magnifiques et envoûtantes orchidées. Elles étaient attendues avec impatience par tous les orchidophiles. Les premières à éclore sont l’orchis géant, l’orchis bouffon et l’orchis singe.
Nous allons nous intéresser plus particulièrement à celle-ci.

orchis singe

En effet, déjà son nom nous interpelle. De plus, sa floraison rose et blanche au-dessus de sa rosette de feuilles vertes attire la vue à cette époque ou les fleurs de couleur vive sont encore rares.

L’orchis singe (orchis simia) tient son nom à la forme de son labelle faisant penser à un petit singe. Elle a un casque pointu, rose-blanchâtre, moucheté de pourpre. Sa hauteur est de 20/40cm. Sa floraison est inversée : elle fleurit de haut en bas.

Elle peut être confondue avec l’orchis militaire (o.militaris).
Celle-ci a une floraison de bas en haut, son casque pointu n’est pas moucheté à l’extérieur et son labelle est moins fin.

Détail de la floraison de l’Orchis Singe
Orchis Singe: floraison de haut en bas
Détail de la floraison de l’Orchis Militaire
Orchis Militaire: floraison de bas en haut

On trouve l’orchis singe sur sol sec, calcaire sur les bords de chemins, dans les bois clairs, en zone de pelouses. C’est une espèce de lumière et mi-ombre assez répandue.

Vous pouvez l’observer, en ce moment, au marais de l’étournel et aux teppes de Verbois entre autres. Bien sûr, comme tout amoureux et protecteur de la nature, ne les cueillez pas ! Vous pouvez faire de belles photos si la lumière du soleil est bien là. Munissez vous d’une loupe et d’un livre sur la reconnaissance des orchidées pour mieux les déterminer. Et qui sait si la passion dévorante des orchidées ne vous contaminera pas !

Texte et photos: Jean-Loup Gaillard

Déambulations naturalistes au coeur du vallon de l’Allondon

Quelques semaines après avoir découvert ses sources, nous nous retrouvons, samedi 17 mai, pour explorer les richesses naturelles du vallon de l’Allondon, en Suisse, avec Stéphane Gardien. Ce site, géré par ProNatura GE, bénéficie du statut de réserve naturelle. Une protection indispensable pour préserver la flore et la faune exceptionnelles du site, notamment face à la pression de fréquentation en raison de la proximité de Genève.

L’Allondon est une rivière karstique qui prend sa source à Echenevex (voir sortie sur les sources de l’allondon). Son parcours, court et pentu, se termine dans le Rhône, à La Plaine. Au niveau du vallon, la dynamique naturelle de la rivière donne naissance à de magnifiques tresses, par érosion et dépôt de galets. L’eau est en effet une source d’énergie qui a de longue date été exploitée pour divers usages humains.

La rivière est, bien sûr, source de vie, avec une flore qui se répartit selon la présence plus ou moins proche d’eau, entrainant par la suite des cortèges variables d’animaux, d’où une répartition étagée des milieux naturels.
Dans le lit de la rivière, les plantes dites supérieures sont quasi absentes, hormis les phragmites qui poussent les pieds dans l’eau. La végétation pionnière des plages de galets est régulièrement balayée par les crues, ouvrant la voie à un nouveau cycle de colonisation.
L’Allondon est un milieu de vie et un couloir de déplacement pour de nombreux oiseaux d’eau comme le harle bièvre, espèce inféodée au bassin du Rhône dont nous observons une femelle dès le début de la sortie, et le martin-pêcheur, tous deux piscivores, ou encore le canard colvert. C’est également le royaume des poissons, amphibiens et libellules ainsi que du castor, qui a recolonisé le Rhône et ses affluents, depuis qu’il bénéficie d’une protection nationale.

La ripisylve, forêt de « bois tendres » toute proche de l’eau, est caractérisée par une végétation riche organisée en plusieurs strates :

  • Strate herbacée, avec par exemple le géranium herbe à Robert, l’alliaire, la benoite commune ou l’euphorbe des bois.
  • Strate arbustive abritant notamment le cornouiller sanguin, le noisetier, l’aubépine, le fusain et le troène.
  • Strate arborée dominée par les espèces supportant les inondations régulières telles que les aulnes (glutineux et blanc), divers saules et le frêne commun.
    Entre ces strates, nous découvrons aussi des lianes (houblon, lierre, vigne vierge) qui utilisent les ligneux comme support pour aller vers la lumière.
    Les oiseaux forestiers (rossignol philomèle, pinson des arbres, troglodyte mignon, etc.) se font discrets car ils sont occupés à nicher voire à nourrir leur progéniture.

Quelques pas plus haut, le visage de la forêt change avec des essences de « bois dur » qui ne supporteraient pas de voir leurs racines inondées. Nous traversons une chênaie – frênaie abritant également des érables, du charme, du pommier sauvage… mais aussi des espèces non indigènes voire envahissantes comme le robinier faux-acacia et le marronnier d’Inde.

En sortant de la partie forestière, nous découvrons les terrasses alluviales, avec une végétation rase adaptée à un sol peu épais, caillouteux donc drainant. Ce milieu, le mésobromion, tire son nom du brome dressé qui constitue la principale couverture végétale. La riche flore (origan, pâturin bulbeux, orpins, genêt des teinturiers, hélianthème à grandes fleurs) attire une entomofaune tout aussi riche, avec notamment de nombreux papillons et le spectaculaire ascalaphe soufré, hôte emblématique de ces prairies sèches.
Les orchidées étant en retard cette année, nos orchidophiles se trouvent quelque peu frustrés de devoir se contenter de quelques feuilles à peine sorties de terre…

En cette période de festival de Cannes, nous avons nous aussi joué les paparazzis pour les belles couleurs d’un couple de lézard à deux raies (ex-lézard vert) qui n’osait plus sortir de son rocher face à tant d’agitation !

Cette merveilleuse sortie a également été l’occasion d’ébauches de débat autour de questions existentielles : A quoi servent les papillons ? Les prairies existeraient-elles sans les hommes ?…

Le vallon de l’Allondon est tellement riche que nous sommes loin d’en avoir fait le tour en une matinée ! Rendez-vous en 2026 pour l’explorer depuis la chapelle de Malval. D’ici-là, n’hésitez pas à y retourner à toute saison. Vous pouvez aussi bénéficier des sorties gratuites proposées, tous les dimanches matins, par le Centre Nature du Vallon de l’Allondon géré par ProNatura GE.

Pour aller plus loin…
Vous pouvez télécharger la liste (non exhaustive) des espèces de flore et de faune observées au fil de notre balade:

Texte : Marjorie Lathuillière

Photos : Christine Holo, Marjorie Lathuillière