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Le suivi des petites chouettes de montagne

Chouette de Tengmalm ©https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=227127

Des petites chouettes menacées
La Chouette de Tengmalm (parfois nommée Nyctale de Tengmalm) et la Chevêchette d’Europe (la plus petite chouette d’Europe) sont des petits rapaces nocturnes que l’on trouve dans les habitats forestiers résineux ou mixtes de montagne. Elles apprécient spécialement les épicéas et nichent généralement dans des loges creusées par d’autres oiseaux, notamment les pics.
La Chouette de Tengmalm est difficile à observer tant elle aime se percher sous le feuillage, sur des branches très dissimulées. Elle se nourrit principalement de petits mammifères tels que campagnols, souris, musaraignes ainsi que des petits oiseaux. La chevêchette d’Europe chasse les petits oiseaux comme les fauvettes mais s’attaque aussi des oiseaux presque aussi gros qu’elle tels que les pics, grives musiciennes ou gros-becs. Comme la Tengmalm, son régime alimentaire comprend beaucoup de petits rongeurs.

Photo: © CanvaPro

La Réserve, refuge des petites chouettes
Ces deux petites chouettes de montagne sont malheureusement menacées en Europe par l’exploitation forestière et les dérangements liés à la fréquentation touristique et sportive. Afin de suivre l’évolution de leur population, la Réserve Naturelle de la Haute Chaine du Jura applique depuis 2021 le « protocole national de suivi des petites chouettes de montagnes » mis en place par l’ONF et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Ce suivi scientifique s’effectue chaque année, lorsque les mâles chantent sur leur territoire pour attirer une femelle.

Photo: ©CanvaPro

Le suivi scientifique des populations
Daphné Schloesser, Chargée de missions scientifiques à la Réserve, nous explique comment on procède. « Dans les grandes lignes, le protocole consiste en un transect [Dispositif d’observation le long d’un tracé linéaire] de 2 km, placé dans un maillage de 5x5km, avec un point d’écoute de 10 min tous les 500 mètres et utilisation de la repasse [diffusion du son du chant de l’oiseau]. L’aller se fait avant le coucher du soleil pour la Chevêchette et le retour après le coucher du soleil pour la Tengmalm. Ces transects sont parcourus deux fois dans l’année au printemps. »
Deux sites considérés comme favorables en termes d’habitats ont été choisis par la Réserve pour l’application du protocole sur les communes de Mijoux et de Crozet. Peu de données historiques existaient sur ces sites.

Résultats 2023
Aucune chouette n’a été entendue sur le site de la commune de Mijoux en 2023, sur lequel Chevêchette et Tengmalm avaient été entendues les années passées. En revanche, pour le site de Crozet où aucune chouette n’avait été entendue précédemment, cette année nous avons eu la bonne surprise d’entendre de la Chevêchette.
En plus des deux transects appliqués dans le cadre du suivi national, la Réserve réutilise le protocole pour suivre ponctuellement certains sites selon les besoins, en prévision de renouvellements d’aménagements forestiers ou pour des sites historiques pour lesquels il n’y a pas eu de données depuis longtemps.
Les petites chouettes pouvant être assez éparses, ce suivi ne permet pas forcément de collecter beaucoup de données, mais il permet d’avoir un suivi dans le temps pour un même site. Les données qui peuvent être collectées au cours d’autres suivis -par exemple au cours des affûts pour le Grand Tétras- ou transmises par d’autres partenaires sont donc également très importantes pour la Réserve.