Les richesses du marais de Lavours

Nous sommes une quinzaine, en ce (très) chaud premier dimanche de juin, à nous retrouver à Aignoz, hameau de Ceyzérieu et porte d’entrée de la Réserve Naturelle Nationale du marais de Lavours, pour en découvrir les richesses grâce à Pierre Perrimbert, président des ARN du marais de Lavours – Bugey Nature, notre association-sœur, et fin connaisseur du site. Une visite « privée » qui nous réserve de belles observations floristiques et faunistiques.

Un arrêt devant le panneau d’accueil de la Réserve est l’occasion, pour Pierre, de nous conter l’histoire de la Réserve Naturelle créée en 1984 sur un secteur, entre Rhône et Séran, très marqué par les activités humaines. La diversité des habitats est intrinsèquement liée aux pratiques, notamment agricoles : l’intensification et le drainage, comme la déprise agricole, ont des effets néfastes sur le fonctionnement écologique des milieux et leur richesse naturelle. La Réserve, gérée par l’Entente interdépartementale pour la démoustication, joue un rôle primordial pour préserver cette biodiversité, tout comme le Département (le site étant aussi Espace Naturel Sensible) et les agriculteurs qui travaillent sur le site.

Notre découverte naturaliste débute en longeant le Séran, dont les rives témoignent de la dynamique naturelle de la rivière mais aussi des aménagements hydrauliques du bassin qui entrainent un abaissement de la nappe souterraine et de la rivière qui lui est associée. La gestion de l’hydrologie du marais est donc un des enjeux majeurs de sa préservation.

En sortant du milieu forestier, en plaine expansion, nous observons les traces du passage des (trop) nombreux sangliers du site qui sont chassables jusqu’en Réserve, pour tenter de limiter leur développement du fait de leur impact notable sur la végétation et les oiseaux nichant au sol.

Après une réjouissante pause dans le premier observatoire et ses environs (avec quelques pics et rousserolles qui ont ravi les ornithos) puis un ballet de libellules sous les rayons du soleil, nous prenons le chemin du marais qui abrite les espèces les plus typiques et exceptionnelles de la Réserve parmi lesquelles la ludwigie des marais, les utriculaires, l’orchis des marais, le séneçon des marais ou encore la laiche faux-souchet. Le cœur du marais, le plus humide, abrite une tourbière en fin d’activité qui émet du carbone, contrairement à une tourbière active. Le bilan carbone du marais est donc contrasté selon les secteurs.

Après une revigorante et rafraichissante pause méridienne à l’ombre de grands arbres, nous repartons en direction de la Réserve Naturelle pour emprunter le sentier sur pilotis afin de découvrir la diversité de milieux naturels présents sur le site : prairies humides, bois humides, mares et étangs, roselières, cariçaies et bien d’autres encore… A chaque milieu son cortège de plantes et d’animaux spécifiques, avec notamment des poissons, des libellules, des oiseaux, des amphibiens. Plus de 5 500 espèces ont déjà été recensées au sein de la Réserve ! Et, bientôt, des buffles pour remplacer les Highland cattles car plus dociles et plus efficaces pour maintenir les milieux ouverts, en complément de la gestion mécanique.

Avec les nombreux autres promeneurs que nous croisons sur le sentier (créé en 1986), nous sommes parmi les 35 000 visiteurs annuels du marais. Un équilibre est à trouver entre ambitions touristiques et évitement de la surfréquentation…

Comme nous sommes gourmands de nature, nous prolongeons la sortie sur l’autre secteur de la Réserve Naturelle, afin d’admirer quelques raretés : l’euphorbe des marais, l’ail anguleux (photos ci-dessous) ainsi que les œnanthes fistuleuse et de Lachenal. Nous nous quittons sur ces belles observations botaniques qui ont séduit même les moins phytophiles…

Merci à Pierre pour l’organisation et l’animation de cette journée exceptionnelle ! A notre tour d’accueillir les « Amis de Lavours » sur la Haute Chaine du Jura l’an prochain… N’hésitez pas à visiter le marais de Lavours, son sentier sur pilotis et sa Maison de la Réserve (nous rêvons d’une aussi belle pour la Haute Chaine du Jura…).

Pour aller plus loin…

– Le site des Amis du marais de Lavours (mais pas que…) : Bugey Nature

– Le site de la Réserve Naturelle du marais de Lavours

Texte et Photos : Marjorie Lathuillière

La vie de renardeau

C’est en général au mois de mars que les renardes donnent naissance à leurs petits après une cinquantaine de jours de gestation.

Les renardeaux naissent aveugles et commencent à ouvrir les yeux dès la deuxième semaine.

Les parents s’affairent à nourrir leur progéniture, sortant l’un après l’autre par précaution.

Contrairement aux chats sauvages, les renards sont solidaires et s’entraident. Si des parents venaient à disparaître, d’autres renards du clan viendraient nourrir les petits orphelins.

Lorsqu’ arrivent les beaux jours, les familles déménagent dans des terriers secondaires plus près des champs et donc de leurs proies favorites. Elles peuvent s’installer au milieu d’un champ de blé ou autre, à proximité d’un lieu de chasse, pour ainsi apprendre aux petits le fameux « mulotage ».

Il m’est arrivé d’ailleurs de longer un champ de blé ou d’orge et d’entendre le ronflement des petits renardeaux, identique au ronflement de petits chiens.

Courant septembre, les parents poussent leur progéniture à quitter le cocon familial et à se créer un nouveau territoire.

Petite anecdote :

Lors d’un affût auprès d’un terrier, j’ai vécu un moment inoubliable.

Je savais que le terrier était habité grâce à l’installation antérieure d’un piège photo. Un matin, je décide de m’installer à une quinzaine de mètres, bien camouflé. 

Il est 7h30, à la fin du mois de mai, et j’attends impatiemment la sortie de la petite famille depuis une bonne demi-heure.

Tout à coup, venants de la droite, des bruits de broussailles. La renarde arrive avec un  morceau de carcasse de chevreuil dans la gueule.

Mon cœur s’emballe. La renarde gratte devant mois derrière un arbre et enterre sa trouvaille. Je suis allongé au sol et ai franchement peur d’être détecté. Heureusement le sens du vent est favorable et je déclenche mon boîtier lorsque l’animal est en action pour ne pas être repéré.

Une fois débarrassée de son butin, la renarde monte de quelques mètres jusqu’au terrier. À ce moment, le premier renardeau sort, puis les 2 autres. Après quelques papouilles, les 3 renardeaux s’installent sur un tronc couché et s’endorment sous un rayon de soleil qui vient traverser le feuillage.

Je dois attendre une bonne heure et profiter de leur retour dans la gueule du terrier pour m’en aller, avec la satisfaction de ne pas avoir dérangé cette magnifique scène de vie sauvage.

Gilbert Fortune

Prises de bec chez les oiseaux-2

Continuons de passer en revue les différentes sortes de becs d’oiseaux.

Ceux-ci ont des fonctions très diverses. En effet ils peuvent servir à manger, à nourrir leur progéniture, à se lisser les plumes, à faire la cour, à construite leur nid, à transporter des matériaux, à se battre.

Maintenant, place aux seigneurs des airs : les rapaces.

Ils ont un bec crochu et dur pour couper et déchiqueter leurs victimes avec plusieurs formes selon l’habitat et le type de proies recherchées.

Milan noir
Faucon crécerelle
Buse variable

De nombreux oiseaux possèdent des becs de forme très adaptée à leur environnement.

Le tichodrome échelette a le bec long, aigu, fin avec une longue langue pour attraper les insectes et araignées dans les fentes et anfractuosités des rochers et vieux murs.

Le martin pêcheur en possède un long (1/3 de sa taille), fort et pointu pour fendre l’eau sans bruit à la chasse aux petits poissons.

La huppe fasciée a un bec fin, assez long qui lui sert de pioche et de pincettes pour extraire sa nourriture du sol, des fentes rocheuses, ainsi que dans les bouses de vache et le crottin de cheval.

Enfin, le flamant rose est propriétaire d’un bec qui racle la vase à la recherche de petits organismes. Il filtre l’eau et sa langue agit comme un piston aspirant et rejetant l’eau. Il est pourvu de fines lamelles sur le bord.

Il y a encore une grande variété de formes de becs. Pratiquement chaque espèce d’oiseau à sa spécificité selon sa nourriture, son habitat et son environnement.

Peut-être la suite à un prochain épisode selon mes futures observations et photos.

Texte et photos : Jean-Loup Gaillard

Le colza et ses hôtes

Les champs de colza face au Mont-Blanc

Le mois de mars annonce le redémarrage de la végétation et des cultures. La belle couleur dorée du colza commence alors à envahir le paysage. Tout autour de nous, ces carrés jaunes amènent de la gaieté et annoncent le printemps.

La faune sauvage attends aussi avec impatience cette végétation luxuriante qui lui sert de « cachette ». Pour les chevreuils et autres mammifères, c’est un moyen de sortir un peu des forêts sans être vus. Ils n’hésitent pas à y rester plus tard dans la matinée et même à y dormir la nuit.

Le brocard dans le colza aux couleurs passées.

Bien souvent, ils empruntent les sillons marqués par les roues des tracteurs, dans lesquels on peut alors les démasquer. Il y a parfois aussi des zones de végétations moins denses, moins hautes, où les brocards se font repérer par leurs bois qui dépassent.

Démasqué!
La chevrette préfère les boutons d’or
Ses bois ont trahi sa présence
Le brocard traverse une partie du champ moins dense
Le lièvre démasqué 

Même le renard s’y cache et y sort furtivement sur la prairie sans s’éloigner trop de son échappatoire.

Le renard prudent, s’éloigne peu de sa cachette

Le colza est également un terrain de chasse pour de nombreux oiseaux. Ils s’installent sur les tiges les plus hautes pour y traquer les insectes volant au-dessus des fleurs. Le Tarier pâtre, petit passereau typique de nos campagnes, fait parti de ces oiseaux :

Le mâle:

La femelle, moins colorée:

Texte et photos: Gilbert Fortune

Fleur du moment : l’orchis singe

Le printemps est de retour, et avec lui, les magnifiques et envoûtantes orchidées. Elles étaient attendues avec impatience par tous les orchidophiles. Les premières à éclore sont l’orchis géant, l’orchis bouffon et l’orchis singe.
Nous allons nous intéresser plus particulièrement à celle-ci.

orchis singe

En effet, déjà son nom nous interpelle. De plus, sa floraison rose et blanche au-dessus de sa rosette de feuilles vertes attire la vue à cette époque ou les fleurs de couleur vive sont encore rares.

L’orchis singe (orchis simia) tient son nom à la forme de son labelle faisant penser à un petit singe. Elle a un casque pointu, rose-blanchâtre, moucheté de pourpre. Sa hauteur est de 20/40cm. Sa floraison est inversée : elle fleurit de haut en bas.

Elle peut être confondue avec l’orchis militaire (o.militaris).
Celle-ci a une floraison de bas en haut, son casque pointu n’est pas moucheté à l’extérieur et son labelle est moins fin.

Détail de la floraison de l’Orchis Singe
Orchis Singe: floraison de haut en bas
Détail de la floraison de l’Orchis Militaire
Orchis Militaire: floraison de bas en haut

On trouve l’orchis singe sur sol sec, calcaire sur les bords de chemins, dans les bois clairs, en zone de pelouses. C’est une espèce de lumière et mi-ombre assez répandue.

Vous pouvez l’observer, en ce moment, au marais de l’étournel et aux teppes de Verbois entre autres. Bien sûr, comme tout amoureux et protecteur de la nature, ne les cueillez pas ! Vous pouvez faire de belles photos si la lumière du soleil est bien là. Munissez vous d’une loupe et d’un livre sur la reconnaissance des orchidées pour mieux les déterminer. Et qui sait si la passion dévorante des orchidées ne vous contaminera pas !

Texte et photos: Jean-Loup Gaillard