Tous les articles par Gaelle Lauby

Fête familiale à Mourex


Dimanche 13 octobre les ARN tenaient un stand à la Fête de Mourex ” Délices et Couleurs d’Automne”. 

Nous avons eu le plaisir de voir 450 personnes, dont de nombreuses familles, venir en apprendre plus sur la nature de notre région et sur les moyens de la protéger. 

Nous avions préparé de nombreuses animations pour les enfants, comme par exemple celle du “Restaurant des animaux de la forêt” au cours de laquelle les enfants devaient deviner, en fonction du contenu de l’assiette, quel était l’animal qui pouvait bien apprécier glands, noisettes, ou vers de terre et petits insectes! 
Grands et petits ont également tenté de reconnaitre des empreintes d’animaux sauvages, ou encore des plumes d’oiseaux. 
Enfin, les adultes pouvaient tester leurs connaissances sur la faune et la flore de la Réserve Naturelle de la Haute Chaine du Jura. 
Jean-Christophe Delattre et Gilbert Fortune, deux photographes animaliers amateurs, membres des ARN, présentaient également leurs photos pour le plus grand plaisir de tous.

Gaëlle Lauby

Rencontres d’automne avec le Roi

La saison automnale est la meilleure période pour observer le roi de nos forêts. Le brame du Cerf commence début septembre et finit fin octobre.

Il est très difficile d’observer cet impressionnant animal au cœur du massif Jurassien. Il y a heureusement des endroits où des hardes se réunissent, et où il est plus facile de faire de belles rencontres sans déranger.

Les bords du Rhône ont des endroits propices pour que les cerfs venus du Massif se rassemblent avec leur harde de biches, daguets et faons. Ils rejoignent alors une zone de quiétude sauvage où l’on peut les entendre même en plein jour.

Voici quelques images pour illustrer leur environnement dans un endroit de rencontre, un vaste espace formé de roselières et d’eau.

La baignade du 16 cors, dans un bras du Rhône.
La biche nage jusqu’à la place de brame
Jeune cerf dans son royaume
Sorti du bain, le cerf traverse la roselière
A travers les feuillages, la biche
Le reflet du roi
Quiétude sauvage
La biche rejoint la terre ferme
Dans le brouillard matinal

Gilbert Fortune

Qu’est ce que le KORA ?

« KORA – Ecologie des carnivores et gestion de la faune sauvage » est une fondation Suisse d’utilité publique basée en Suisse alémanique.

Son but est d’étudier le mode de vie des cinq carnivores que sont le lynx, le loup, l’ours, le chat sauvage et le chacal doré.

Le KORA suit non seulement l’évolution de leur population à l’échelle de la Suisse toute entière mais participe aussi à des projets internationaux (rétablissement du lynx des Balkans, projet avec l’OFB de simulation de la dispersion/connectivité pour le lynx).

Le KORA fournit des informations aux autorités Suisse et au public et joue un rôle consultatif. Il observe aussi l’impact des grands prédateurs sur le paysage et développe les bases d’une coexistence peu conflictuelle des grands carnivores avec les humains.

Il assure également le suivi des effets du retour des grands prédateurs sur leurs proies sauvages, mais aussi le suivi de leur statut génétique et de la santé des populations. Il étudie par ailleurs le taux d’acceptation par la population Suisse des grands carnivores.

Le KORA utilise le monitoring pour acquérir les données concernant les populations de ces cinq carnivores.

Le monitoring des prédateurs est difficile et aucune méthode parfaite n’existe. Le KORA pratique le monitoring opportuniste par piège photographique, le recueil d’observations fortuites, d’animaux retrouvés morts, de dégâts causés, etc. Il prélève également des échantillons en vue d’analyses génétiques (loup et ours).

Mais il utilise également des méthodes de monitoring déterministe spécifiques à chaque espèce. Dans le cas du lynx, la taille et la densité de la population sont estimées par des méthodes de capture-recapture photographique (tout comme à la RNNHCJ, voir https://www.arn-nature.fr/2022/02/02/tout-savoir-sur-le-suivi-des-lynx/ et https://www.kora.ch/fr/especes/lynx/piegeage-photographique pour plus de détails) tous les trois à quatre ans dans les aires de référence. Dans le cas du loup, ce sont des méthodes génétiques (salive sur animaux prédatés, excréments, urine, poils, sang ou tissus) combinées avec un monitoring opportuniste par piège photographique qui sont utilisés pour évaluer la taille de la meute et le nombre de petits.

Enfin, le KORA utilise aussi la télémétrie ainsi que des systèmes GPS pour parfaire le suivi de certains de ces grands prédateurs (https://www.kora.ch/fr/projets/monitoring-grands-carnivores/telemetrie)

Vous pourrez en apprendre encore beaucoup plus sur chacun de ces prédateurs (Portrait, Détection, Distribution/populations, Prédation d’animaux de rente, etc.) en parcourant le site web du KORA (https://www.kora.ch/fr) ou en vous abonnant à sa newsletter (https://www.kora.ch/fr/kora-news-inscription) Bonne lecture !

Patrick Joudrier

Quatre saisons au Reculet

Dans la réserve naturelle du haut Jura, il est un sommet emblématique : le Reculet.

Situé dans le milieu de la chaine, avec ses 1718m d’altitude (2eme plus haut sommet du Jura) et sa croix de fer, il est visible de loin et attire le regard.

C’est un lieu de randonnée prisé par beaucoup de monde quel que soit la saison (il est sur l’itinéraire du GR9 du balcon du Léman).

Depuis celui-ci, nous pouvons admirer un panorama à 360 degrés. (Vuache, Grand Colombier, chaîne du Jura, Alpes suisse, Alpes françaises avec le Mont-Blanc en point d’orgue, Salève).

Vuache depuis le Reculet
Mont Blanc

Sa croix a été fabriquée et installée au 19eme siècle. Elle fût acheminée et montée pièce par pièce à dos d’homme et inaugurée le 25 juillet 1892.

Suite aux outrages du temps, sa restauration est envisagée dans un futur proche.

Il se trouve au milieu d’alpages accueillant des troupeaux de vaches l’été. De nombreuses espèces de fleurs le colorent. L’on passe du jaune, au rose, au bleu, au violet selon la période.

Plusieurs espèces endémiques colonisent ses abords.

Petite liste non exhaustive : lis martagon, jonquille jaune, grassette commune, campanule hirsute, orobanche du thym, nigritelle noire, helléborine rouge, soldanelle, arnica, gentiane élevée, digitale jaune, …

De nombreux chamois occupent aussi le secteur. On peut les rencontrer, au printemps, au pied de la croix en train de brouter paisiblement (les promeneurs se faisant encore rare à cette époque).

De temps en temps, l’aigle royal fait une petite escapade jusqu’ici.

Ce lieu unique m’attire régulièrement. Chaque année, je le gravis 5/6 fois. J’arrive bientôt à la centième montée. Il y a toujours quelque chose à observer et à découvrir.

Bien sûr, c’est une randonnée qui nécessite un effort certain et un minimum de condition physique (860m de dénivelé, 9km de distance depuis le Tiocan à Thoiry).

Mais l’arrivée au sommet avec sa vue à 360 degrés récompense tous les efforts.

Evoluant dans la réserve naturelle, il faut bien évidemment rester sur les sentiers, respecter les troupeaux, ramener ses déchets, laisser toutou à la maison et écouter le silence.

Jean-Loup Gaillard

C’est le mois des hérissons !

Photo Wikicommons / Piotr Laskawski
 

Le réseau d’associations de protection de la nature FNE (France Nature Environnement), dont font partie les ARN, fête ce mois-ci son emblème : le hérisson. L’occasion d’en savoir un peu plus sur cet animal attachant et pourtant souvent malmené par nos activités. Rencontre.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, je suis un hérisson, autrement appelé Erinaceus europaeus. Je suis un Mammifère, tout comme vous, mais de la famille des Insectivores.

Où vivez-vous ?

Je suis plutôt cosmopolite. Vous pouvez me rencontrer dans une grande diversité de milieux, du fond des forêts jusqu’à vos jardins, avec une prédilection pour un bocage diversifié et riche en haies. En revanche, je ne suis pas un montagnard dans l’âme donc on me voit rarement au-delà de 1 500 m d’altitude.

Faites-vous partie des petits mammifères qui se reproduisent en nombre ?

Tout d’abord, je ne suis pas si petit que cela : entre 800 g et 1,2 kg ! Pour ce qui est de ma reproduction, elle peut avoir lieu de mars à août et il est vrai que chaque portée peut avoir jusqu’à 7 jeunes et que nous pouvons avoir deux portées par an, avec des naissances entre mai et septembre. Mais de là à considérer que je me reproduis « en nombre », tout est relatif…

Et qu’en est-il de vos périodes d’inactivité ?

Tout d’abord, je suis un animal crépusculaire à nocturne donc surtout actif quand vous dormez ! Il m’arrive d’avoir une activité diurne donc pas de panique si vous me voyez de jour !

Au cours d’un cycle annuel, l’absence de nourriture en hiver a « poussé » mes ancêtres, au fil de l’évolution, à entrer en hibernation durant les mois d’hiver. C’est instinctif : quand la luminosité et la température baissent, ainsi que la disponibilité alimentaire, j’entre dans un long sommeil (de novembre à mars, en général) durant lequel toutes mes fonctions sont ralenties. La température de mon corps peut tomber à 4°C. Je peux néanmoins être actif en hiver, notamment en cas de redoux durable.

Dans tous les cas, c’est une étape difficile dont tous les hérissons ne sortent pas indemnes… d’autant plus s’ils sont dérangés, par exemple par une tronçonneuse ou par des enfants un peu trop enthousiastes à l’idée de nous admirer, car une telle perte d’énergie entame sérieusement nos réserves d’énergie.

Quelle est votre durée de vie ?

En théorie, c’est-à-dire dans les cas extrêmes observés en captivité, je peux vivre jusqu’à 10 ans. En réalité, je m’estime déjà privilégié d’avoir pu fêter ma deuxième bougie car les dangers sont nombreux…

Quels sont vos prédateurs ?

Mon pire ennemi : le blaireau. Le renard, le loup ou le chien peuvent aussi nous mettre occasionnellement à leur menu mais nous sommes plus fréquemment croqués par des rapaces.

Vous êtes pourtant bien équipés contre les prédateurs, avec vos célèbres piquants…

C’est certes une armure efficace (j’en porte jusqu’à 7 000 !) mais pas pour autant sans faille, notamment face aux redoutables griffes du blaireau. Nos piquants ne sont pas des épines. Ils sont constitués de kératine, comme vos cheveux et vos ongles.

J’en profite, au passage, pour préciser que, contrairement à une histoire que vous continuez à raconter, NON, les renards n’urinent pas sur nous afin que nous leur présentions notre fragile abdomen (soupir)…

Mais mes prédateurs naturels, y compris les parasites et maladies, ne sont pas un problème pour la survie de mon espèce, contrairement à…

… Laissez-moi deviner… l’espèce humaine ?

Et oui, alors que mon espèce est protégée par vos lois ! Nous vous subissons principalement de trois façons. Tout d’abord, nos piquants ne sont pas plus efficaces contre les roues de vos véhicules que contre les griffes des blaireaux. Mais ceux-ci nous tuent pour se nourrir, sans excès, alors que vos voitures… Nous sommes au moins 700 000 chaque année à finir en funeste galette.

Quelle idée, aussi, de traverser des routes !

Tout est question de point de vue… Je trouve que c’est plutôt vous qui construisez routes, habitations et autres centres commerciaux sur (presque tous) les espaces où nous vivions tranquillement (bien que pas toujours pacifiquement) avec de nombreuses autres espèces ! Nous ne savons plus où aller et nous avons besoin de nous déplacer : lorsque nous quittons notre « famille », pour trouver notre nourriture ou un partenaire sexuel… c’est vital !

Photo Wikicommons / George Chernilevsky

Vous vous êtes pourtant bien adaptés à nos jardins.

Oui, quand vous ne les clôturez pas de murs et grillages parfaitement hermétiques dans votre manie d’avoir un jardin « bien net, bien propre » ! Sans parler de vos abominables murs végétaux de thuya ou de laurier. Si vous pouviez laissez un petit passage adapté à notre taille (20 cm x 20 cm) dans vos clôtures et des arbres champêtres dans vos haies… Fort heureusement, certain.es d’entre vous le font, tout comme ils aménagent des tas de feuilles mortes et de branches pour nous offrir un lieu d’hibernation en remplacement de tous les endroits que nous avons perdus. Mais nous sommes loin du compte.

Exemple de passage pour petite faune dans un mur (Photo Groupe Mammalogique Normand)

Et quel est le troisième fléau dont vous vouliez nous parler ?

Les pesticides ! Vous êtes encore trop nombreuses et nombreux (oui, les hérissons utilisent l’écriture inclusive !) à en utiliser dans vos jardins potagers ou d’agrément, notamment pour lutter contre les limaces. Vous nous tuez ainsi alors que nous sommes un prédateur très efficace de ces limaces !

Vous n’êtes pas insectivore ?

Bien sûr, les insectes sont au menu de mon espèce mais nous mangeons en réalité toutes sortes de petits animaux (araignées, mollusques, vers de terre, etc.), des œufs, des graines, des fruits… Tout ce qui est naturel, comestible et qui rentre dans notre petite bouche, en réalité. Par contre, même si nous n’y résistons pas, merci d’éviter lait, pain et croquettes pour chats… Ils peuvent notamment provoquer de terribles diarrhées (pouvant être mortelles) et nous sommes capables de trouver notre nourriture seul.es ! Par contre, nous ne sommes pas contre une coupelle d’eau en période de fortes chaleurs. Elle servira aussi à beaucoup d’autres animaux !

Nous sommes de vrai.es allié.es du jardinier ! Alors, si vous ne rendez pas votre jardin plus accueillant pour nos beaux piquants, faites-le pour vous !

Est-ce pour cela que vous êtes l’emblème de FNE ?

Pas tout à fait. C’est en 1981 que nous avons eu l’honneur d’être choisi comme animal totem de ce réseau d’associations de protection de la nature. C’est logique : si on nous caresse dans le sens des piquants en acceptant la discussion lors de concertations, tout va bien, mais si on nous agresse, nous sortons les piquants !

La fête des hérissons qui aura lieu du 23 au 29 septembre sera-t-elle en mode caresse ou en mode piquants ?

Les deux ! L’ensemble du réseau FNE, auquel appartiennent les Ami.es de la Réserve Naturelle, vous propose 1001 manières de s’engager pour la nature. Vous trouverez toutes les informations sur la page dédiée du site Internet de FNE. Si vous souhaitez mieux connaitre FNE Ain, association amie des ARN, voire discuter de votre engagement éventuel dans une de ses actions, vous êtes les bienvenu.es à Bourg-en-Bresse pour un apéro de rentrée des hérissons de l’Ain jeudi 26 novembre à partir de 18h. N’hésitez pas à nous contacter pour un co-voiturage !

Parmi les actions menées partout en France depuis des années en faveur de notre espèce, donc bénéfiques, plus généralement, à la biodiversité, vous pouvez participer à l’opération hérisson : un recensement participatif pour que vous puissiez mieux nous connaitre afin de mieux nous protéger !

Alors, à nous de jouer ! Merci à vous et… bon courage !

Marjorie Lathuillière