Sortie géologie au col de la Faucille

Par Riwal Leeman, étudiant en géologie.

Le calcaire du Jura est sédimentaire
Tout d’abord, nous avons commencé par une introduction sur ce qu’est la géologie et ce que cette science étudie, et par une explication sur les différences entre les 3 grands types de roches: magmatiques, métamorphiques, et sédimentaires. Les roches de la Haute Chaîne, le chainon le plus oriental et le plus élevé du Jura, appartiennent à cette dernière catégorie. Le fameux calcaire que l’on trouve chez nous est une roche sédimentaire. Il s’est formé au Mésozoïque, et plus précisément au Kimméridgien pour les roches observées au col de la Faucille : elles ont donc plus de 150 millions d’années ! À titre comparatif, la chaîne du Jura n’a commencé à s’élever il y a seulement 11 millions d’années.

Un petit air de Caraïbes
Il existe donc différents types de calcaires, pouvant contenir des fragments de fossiles, ou encore des grains de silice. Ici le calcaire est récifal, il s’est formé à partir de récifs (comme la grande barrière de corail aujourd’hui) dans un climat chaud, dans des eaux oxygénées, agitées et peu profondes. L’endroit, très différent d’aujourd’hui, devait alors ressembler aux Caraïbes.  

Chronologie des Monts Jura
-Jurassique supérieur (155 Ma) : formation des calcaires composant les roches présentes à la Faucille
-Éocène (environ 40 Ma) : les Alpes ont déjà commencé à se former, et le Jura subit une première érosion karstique
-Serravalien (11 Ma-aujourd’hui) : plissement du Jura en avant des Alpes comme conséquence de celles-ci, et 2ème érosion karstique, encore à l’oeuvre aujourd’hui
-20 000 ans : fin de la dernière glaciation, qui marque fortement nos paysages (vallées en U, moraines, blocs erratiques, stries glaciaires sur les roches moutonnées…)

Les marques de l’eau sur le paysage
Le paysage, on le voit, est fortement marqué par le passage ancien des glaciers – qui n’est pas si ancien à l’échelle géologique puisque des humains étaient déjà présents en Europe depuis longtemps à ce moment-là. 

On observe également d’autres formes sur les Monts Jura, qui ne sont pas associées au passage des glaciers, mais plutôt à la lente (quelques mm par an) dissolution des calcaires du massif. Cela forme des gouffres, des dolines (dépressions arrondies), des lapiaz, des pertes (comme sur la Valserine), des fissures… L’eau est un facteur majeur d’évolution du relief des montagnes du Jura.

Observation sur le terrain
On a ensuite regardé des roches à l’oeil nu. 

On constate qu’elles sont plissées, ce qui témoigne de la formation du Jura, car en effet, à l’origine, lorsque le calcaire se forme en mer peu profonde, le fond de la mer est (en moyenne assez) plat ! On voit également des fragments de coquilles dans la roche, témoins d’organismes marins et donc d’un environnement de dépôt très différent. J’ai montré ensuite 3 fossiles trouvés dans le Jura, comme exemple des êtres vivants qui étaient présents sur ce lieu il y a des millions et des millions d’années. 

2 beaux cristaux de calcite sont également présents sur le site, en inclusion dans la roche.

Des patous et des promeneurs

Un chien de berger pas comme les autres

Attention patou”… ! Alors, on fait quoi ? Ben, on prend ses jambes à son cou, on n’a pas le choix!
Erreur, mon cher Watson !

Nous sommes le 23 juin à Bourg-en-Bresse. En tant que membre des ARN, je participe à une formation ALPATOUS (Alpes à tous, Alpes patous…) mise en place par les associations France Nature Environnement PACA et 01.
Le but recherché ? Comprendre et faciliter les relations en montagne entre les éleveurs, randonneurs et vététistes, avec les chiens de protection (les patous). Soutenue par l’Office Français de la Biodiversité, c’est l’Association des Protections Alternatives pour la Cohabitation de l’Elevage et de la Faune Sauvage (APACEFS) représentée par Taïeb et Maelle qui vont me former.

Qu’en est-il du loup ?

Depuis le retour du loup dans les Alpes françaises, ce grand prédateur fait parler de lui. Nous avons tous lu et entendu les histoires à faire peur des « Trois petits cochons » ou du « Petit Chaperon rouge »… Et aujourd’hui encore, le loup effraie ! Ce dernier du reste, « prélève » quelquefois son casse-croûte parmi le cheptel domestique…

Néanmoins, les grands prédateurs que sont le lynx et le loup jouent un rôle majeur:

  • Ils capturent en priorité les animaux les plus faibles
  • Ils limitent la propagation de maladies chez leurs proies
  • Ils permettent aux spécimens les plus forts de se reproduire
  • Sous leurs menaces les cerfs, chevreuils…vont se disperser et éviter la concentration sur certains secteurs permettant ainsi à la végétation de se régénérer et de devenir plus diversifiée.

Mais ce n’est pas simple car les conflits subsistent ! Du reste, pour les éleveurs, c’est vraiment stressant.

Le patou, un chien méchant ?

Alors nous randonneurs, on fait quoi s’il y a des patous ? …on reste chez soi pour garder nos mollets ?  Non, on s’informe. Les éleveurs font leur travail et l’APACEFS intervient, aide et informe les professionnels et les usagers. Sauf à rencontrer un chien mal éduqué, si on adopte les bons gestes vis-à-vis des patous, aucune raison que cela se passe mal.

Pour cela, il faut connaître un peu l’animal. Taïeb et Maelle nous livrent quelques infos. Le chien de protection vit avec le troupeau, qui est sa vraie famille. Il surveille, protège, son attachement est très fort. Pour cela, la dissuasion est son atout ; il n’est pas éduqué pour l’attaque.

Un patou gardant le troupeau ©Emma.Martinet

Le dressage d’un chien demande du temps et de l’investissement. Un chien travaille 6 à 7 ans et son éducation nécessite de 24 à 36 mois. C’est une des missions de l’Institut de l’Élevage (IDELE).

Quel comportement adopter ?

Maintenant les choses sérieuses commencent pour nous : les GESTES à adopter à pied ou en vélo.

A pied

En VTT

  • Éviter de traverser le troupeau, le contourner le plus possible.
  • Avertir les chiens de notre présence sans les surprendre: Si les chiens viennent vers vous, c’est pour vous identifier, s’arrêter. Ne pas marcher en direction des patous ni chercher à les caresser.
  • Ne pas paniquer ni crier, parler calmement. Bien sûr, pas de gestes brusques, ne pas brandir des bâtons, jeter des pierres ou parler de façon agressive.
  • Si possible, mettre un sac entre soi et le chien.
  • Descendre du vélo
  • Rassurer votre enfant en le gardant derrière vous
  • Bien sûr pas de jets de pierre, de paroles agressives
  • Ne pas regarder le chien dans les yeux (pas de « T’as d’beaux yeux, tu sais »…). Lorsqu’il détourne le regard, c’est qu’il est rassuré. Il va s’éloigner mais restez vigilant.
  • Remonter plus loin sur son vélo
  • Si vous avez un chien, le tenir en laisse, ne jamais le prendre dans ses bras, si problème, lâcher le chien et les laisser se débrouiller entre eux. Le mieux est d’éviter de prendre votre chien dans les pâturages fréquentés par des chiens de protection.
  • Et pour aller encore plus loin, il y a cette rencontre avec une bergère :

Visite chez un éleveur

Le lendemain, à la ferme « Les chèvres de M. Seguin », sur le plateau d’Hauteville, nous sommes accueillis par Amandine et Lucky, le border-collie .Cette ferme abrite 20 brebis, 70 chèvres, 5 vaches, 3 génisses et quelques cochons (un peu façon « Sylvain, Sylvette »… Vous êtes trop jeune pour avoir la référence ?! Voir https://www.youtube.com/watch?v=iVB2pGagu-E).

Les patous d’Amandine s’appellent Lasco, 8 ans, et Pepsy, le petit. Outre son activité avec 100 heures de travail par semaine, Amandine nous raconte qu’elle doit gérer, avec son compagnon, les plaintes de randonneurs non informés qui se plaignent des chiens de protection.

Maintenant, vous en savez un peu plus, et j’espère que votre regard sur les patous sera différent !

Michel Savoyat

Pour plus d’information sur le patou et la Haute Chaîne du Jura